LOVE (and other bullshit)

Assise en tailleur sur son lit dans un vieux pyjama, elle fixe l’écran éteint de son téléphone dans l’espoir de le voir vibrer, elle attend, attend, désespérément. Elle s’occupe sans arrêter d’y penser, se gave de confiseries, check son facebook (où la vie de ses amis lui semble subitement dix mille fois plus intéressantes que la sienne), ouvre un magazine, repense la disposition des meubles de sa chambre, soupire, se couche, se retourne encore et encore. Il ne l’appellera pas mais elle se plaît à y croire. Et elle attend. “ Vic ? Ca va ? ” La voix de sa colocataire pénètre dans la pièce et Vic soupire longuement avant de plonger son visage dans son oreiller. “ J’crois que j’ai vraiment merdé…” maugrée-t-elle. Son amie s’assoit près du lit, affichant une mine désolée, et Vic se redresse pour la regarder. “ J’ai vraiment, VRAIMENT, vraiment merdé ! Il m’a emmené voir une exposition d’art contemporain et j’ai trouvé ça tellement nulle ! MERDE ! Pourquoi est-ce que je lui ai dit que si je chiais sur un mur c’était aussi de l’art contemporain ?” Daria, la colocataire, pouffe de rire et réussit à arracher un sourire à l’amoureuse affligée. “ Arrête de rire ! ” mais Daria vient l’enlacer, un sourire aux lèvres. “ Dans les films, le prince charmant arrive et il t’aime peu importe tes horribles défauts. Moi… Je finis toujours par me faire traiter d’horrible conne. ” ajoute Vic, un brin cynique. Daria hausse les épaules, “ T’es trop cool pour lui, ” elles soupirent toutes les deux, mais les mots de Vic restent dans l’air. Dans la vraie vie, les gens sont cons et odieux, ils ont des problèmes, ils sont de mauvaise humeur, ils laissent tomber les autres. Dans la vraie vie, les gens ne sont pas parfaits et ils sont obligés de s’aimer ou de se haïr parce que leurs défauts ne disparaissent pas par magie à la fin d’une scène romantique. Les films, les chansons et les livres d’amour nous mentent. Personne n’arrive jamais sur un cheval blanc prêt à vous aimer comme vous êtes. Les histoires d’amour finissent mal. En général. Et c’est déjà trop.